Avril

La météo du mois

En avril, ne te découvre pas d'un fil. Avril à beau être le deuxième mois du printemps, il ne faut pourtant pas être trop optimiste. Le chaud et le froid, l'hiver et le printemps jouent encore avec dame nature. En 1991, après quelques journées estivales ou les températures avoisinaient les 25 degrés sur la capitale, froid et neige s'abattent sur le pays entre le 18 et le 25 avril. Cette vague de froid avait détruit les fleurs des arbres fruitiers en avance cette année-là...

Mais quelle est donc la climatologie "moyenne" d'un mois d'avril en France ?

La luminosité journalière augmente très vite en avril et la plupart des villes connaissent plus de 150 heures de soleil. Toulon détient la palme de l'ensoleillement du mois avec 246 heures. Avec l’allongement des jours, les abeilles récoltent de plus en plus de pollen et de nectar. La surface du couvain s’étend de plus en plus.

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Forsythia
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Cerisier
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Poirier
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Citronnier

Plantes à bulbes, arbustes et fruitiers fleurissent pour le plus grand bonheur des butineuses.

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Muscari
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Tulipe
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Crocus

En ce mois d’avril, dans la ruche…

La reine pond à une cadence effrénée. La surface du couvain sur les ruches fortes peut s’étendre sur tous les rayons. Quel bonheur ! Pas vraiment à vrai dire…car si une vague de froid survient, la colonie ne sera pas en mesure de former une grappe suffisamment grande pour envelopper tous les cadres de couvain. Les larves non réchauffées par la grappe mourront et seront évacuées à l’extérieur de la ruche dès le lendemain par les abeilles.

Avril, est aussi l’époque, ou la fièvre de l’essaimage fait son apparition.

Certaines ruches se préparent à accueillir une nouvelle reine. Trop âgée ou défaillante, la reine-mère est remplacée. Elle devra quitter sa ruche. C’est ce que l’on appelle l’essaim primaire. Dans un premier temps cet essaim se posera à proximité de sa colonie sur le rucher, puis au retour des éclaireuses, il s’envolera plus loin vers un nouveau domicile.

Si l’apiculteur ne veut pas voir des essaims s’envoler, il devra procéder à plusieurs manipulations.

Les bons gestes sur la colonie.

I. On équilibre les colonies

Pour commencer, on équilibre ses colonies. Répartissez les cadres de couvain (sans leurs abeilles) des colonies fortes sur les colonies les plus faibles de votre rucher.

Attention : on équilibre que si l’on est parfaitement sûr de l’état sanitaire de ses colonies. En cas de doute abstenez-vous ! Sinon c’est indéniablement le meilleur moyen de propager une quelconque maladie. On ne mélange pas les races d’abeilles.

II. On fait des essaims artificiels

Si vous voulez faire des essaims c’est le moment ! En ce mois d’avril, certaines de vos ruches présentent une forte population entre 6 et 8 cadres de couvain, c’est avec ces colonies que vous allez pouvoir faire des essaims artificiels.

Attention, il est important de connaitre les qualités de ses colonies. On évitera de faire des essaims artificiels avec une souche que l’on juge trop agressive ou qui s’avère être essaimeuse. Telle mère … Telle fille

Comment procéder ?

1. Placer une ruchette ou une ruche avec une séparation à proximité de la ruche mère.

2. Essayer de repérer la reine, afin de ne pas la mettre dans la ruchette

3. Prélever sur la ruche mère

  • un cadre de couvain ouvert avec œufs frais de moins de trois jours
  • un cadre de miel
  • un cadre de couvain

4. Placer ces trois cadres dans la ruchette

5. Secouer un ou deux cadres de couvain de la ruche mère au-dessus de la ruchette. Cette manipulation vous permet d’ajouter des nourrices à votre essaim artificiel. Veillez a ne pas prendre la reine lors de la manipulation !

6. Compléter la ruchette avec deux autres cadres bâtis.

7. Éloigner la ruchette. Trois possibilités s’offre à vous.

  • Mettre cette ruchette dans un lieu obscur et frais pendant 48h. Puis remettre l’essaim dans le rucher.
  • Ou transporter la ruchette à plus de 3 km du rucher initial.
  • Pas de cave, pas la possibilité de transporter…. Pas de panique. Il est toujours possible de faire un essaim en éventail.

8. L’essaim sera nourri 2 à 3 fois/semaine avec du sirop.

9. J+7 (Une semaine) vérifier la présence de cellules royales.

10. J+25 contrôler la présence d’une reine et assurez-vous quelle ait commencé à pondre.

11. Profiter de marquer la reine avant que la colonie ne se développe trop. Attention, on ne marque la reine que lorsqu’ elle a commencé sa ponte.

Si au cours de l’une de vos visites vous constatez la présence de cellules de reines operculées sur plusieurs cadres, vous pouvez en profiter pour faire un essaim artificiel.

Attention, il est possible que cette ruche procède au remérage de sa reine (reine vieille, ou de mauvaise qualité) vous veillerez donc à laisser quelques cellules royales dans la ruche.

Il vous suffira de mettre un des cadres contenant des cellules de reines dans une ruchette avec :

III. On purge les fortes colonies

Cette action se fait sur une très forte colonie qui :

  • ne présente pas de nouvelles cellules royales.
  • et dont la surface de couvain fermé est supérieure à celle du couvain ouvert.

Une colonie qui a un excédent de nourrice par rapport au couvain ouvert élève des reines ce qui déclenche un essaimage.

Pour éviter la production d’éventuelles cellules royales, deux cadres de couvain operculés avec leurs abeilles dessus sont retirés et placés dans une ruchette, ou l’on ajoutera :

Pour affaiblir encore plus la colonie de son excès de nourrices, trois cadres de couvain seront brossés au-dessus de la ruchette. (On évite de brosser la reine)

La colonie privée de son surplus de nourrice, n’essaimera pas.

IV. On place des cadres de faux bourdons

Pourquoi ?

1. Pour avoir des mâles pour la fécondation des reines

2. Pour faire chuter le nombre de varroa

Les femelles varroas et les faux bourdons…

Le varroa est présent en France depuis 1982. On sait depuis les années 70 que le couvain mâle est plus attractif pour le varroa. Les acariens sont entre 6 et 12 fois plus présents dans les cellules mâles que dans celles des ouvrières.

En 1977, Grobov révèle qu’entre 20 et 30 % de varroa peuvent être détruits si l’apiculteur pousse ses colonies à construire des cellules mâles dans des cadres prévus à cet effet. Ces cadres de couvain mâle une fois pondus et operculés sont retirés et détruits. (Grobov, 1977)

Cette manipulation entraine la destruction des varroas qui étaient dans les cellules de mâles.

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Sur le rucher

C’est le moment de placer une ruchette sur un support stable entre 1 et 2 mètre de haut pour piéger et retenir d’éventuels essaims qui pourraient sortir de vos colonies.

  • Vous placerez à l’intérieur de celle-ci des cadres de préférence bâtis dont au moins deux avec de la vieille cire noire. Les essaims sont attirés par ces cadres.

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  • Vous pouvez aussi disposer une pipette d’attire essaim contenant une phéromone de Nasanov (synthétiquement reproduite) à l’intérieur de la ruchette entre deux cadres.
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Attire essaim Swarm catch
  • Si votre ruchette est neuve et n’a donc pas d’odeur de propolis et de cire, vous pouvez frotter l’intérieur avec :

- une crème attractive en vente chez les fournisseurs apicoles.

- ou fabriquer vous-même votre attire-essaim.

Recette de l’attire-essaim

Ingrédients :

- 250 g de propolis

- 1 litre d’alcool de fruit

- 1 filtre à café

Mélanger la propolis et l’alcool. Agiter régulièrement pendant quelques semaines la préparation. Au bout d’un à deux mois, filtrer la préparation à travers un filtre à café. C’est prêt !

Utilisation :

Frotter l’intérieur des ruchettes avec la préparation. L’alcool va s’évaporer, l’odeur de propolis parfumera vos ruchettes pour piéger les essaims.