Juillet

La météo du mois

Juillet est le mois le plus chaud de l’année. L’exceptionnelle canicule qui a sévit en Europe à fait de juillet 2019 le mois le plus chaud avec des températures jamais mesurées dans le monde. Juillet est aussi le mois ou les pluies sont les plus rares. Le monde végétal souffre, et les abeilles aussi. Par manque d’eau, les floraisons se font plus rares, pollens et nectar aussi.

Les ruches transhumées vers les Alpes de Haute Provence (Plateau de Valensole) bénéficient de nectar issu des champs de lavande. Le miel de Lavande est apprécié et recherché par de nombreux consommateurs.

En cas d’été pluvieux, si vos colonies sont dans un rayon inférieur à 3 km de distance de champs de phacélie ou de tournesol, elles pourront bénéficier de leurs ressources très nectarifères. Cependant il faut savoir que la culture du tournesol est souvent associée à des traitements insecticides, dont on retrouve des traces sur le nectar et le pollen. Traces qui peuvent être préjudiciables au couvain et donc à l’évolution de la colonie.

En ce mois de Juillet dans la ruche...

Les faux bourdons ont la chair de poule ! Les températures dégringolent ? Non ! Les filles de la colonie cogitent et s’agitent. Un été trop sec, et voilà que les demoiselles de la colonie décident de chasser un peu plus tôt que prévu les bourdons hors de la ruche. La reine est fécondée, il est donc inutile de nourrir des bouches supplémentaires. Non agressifs et dépourvus de dard ils sont expulsés à l’extérieur ou ils mourront.


Si vous avez un rucher sédentaire, quelques fleurs intéressantes comme le mélilot blanc, la carotte sauvage, la ronce, le framboisier, les roses trémières, la phacélie, la moutarde etc., permettront à vos colonies de stocker de la nourriture pour affronter l’hiver. Vous pourrez de votre côté récolter quelques hausses de miel sur vos ruches les plus populeuses.

5.jpg
Mélilot blanc
6.jpg
Carotte sauvage
7.jpg
Centaurée

Si vous avez transhumé vos ruches sur les lavandes, la reine privée de pollen à pratiquement cesser de pondre. La lavande ou le lavandin sont avant tout des plantes nectarifères. La récolte de votre miel de lavande ne saurait tarder (de fin juillet à fin aout selon les années)

Un peu d’air frais !

Avec ces fortes chaleurs, vos abeilles se sont mises en mode climatisation.

Pourquoi ?

  • Pour sauver le couvain, qui pour se developper à besoin d'une température se situant entre 35 °C, et 37 °C au-delà, œufs et nymphes seraient condamnés.
  • Pour conserver la cire d’abeille dont le point de fusion est à environ 64°C, et qui pourrait commencer à ramollir à partir de 40°C. Si la cire venait à fondre, miel et pollen seraient perdus.

Vous comprenez ici l’importance d’un emplacement ombragé en été pour votre rucher. Augmentation de la ventilation, diminution des provisions.

Les abeilles ventileuses

Comment ?

Pour réguler la chaleur, les abeilles disposent de plusieurs techniques :

  • Elles humidifient la ruche avec de l’eau qu’elles déposent sur le haut des cadres. Le battement rapide de leurs ailes fait évaporer l'eau et chuter la température
  • Elles font la barbe. Par grosse chaleur et si la population de votre ruche est importante, les abeilles se regroupent sous l’entrée de la ruche

Les bons gestes sur la colonie

Fin juillet, il est temps pour l’apiculteur de récolter.

4.jpg

La récolte se fait lorsque les rayons de miel des hausses sont operculés au moins aux trois quarts. Le prélèvement des cadres augmente l’agressivité des abeilles. Certains apiculteurs qui interviennent habituellement sans protection sur leurs colonies lors des visites, ne prennent pas ce risque les jours de récolte. Gants et vareuses ressortent des placards pour affronter les dards qui vont vaillamment défendre leur butin.

Il existe quatre méthodes pour récolter

1. La méthode du chasse-abeille

24 heures maximum avant la récolte (au-delà, les abeilles trouveraient une voie de retour vers la hausse), disposer un chasse-abeille sur chaque colonie (entre corps et hausse). L’idéal étant de faire la manipulation à deux, c'est plus rapide, seul il faut entrebâiller la hausse d'un côté pour placer le chasse-abeilles puis basculer la hausse sur le chasse abeille et finir la mise en place.

Bien veiller à ne pas laisser la moindre ouverture, ce serait le pillage assuré. Le chasse-abeille est une grille plastique qui permet aux abeilles de ne passer que dans un sens. Il est placé entre le corps et la hausse. Cette technique permet de chasser les butineuses de la hausse tout en douceur vers le corps de la ruche tout en les empêchant d'y remonter.

L'usage du chasse-abeille impose une visite qui permet de contrôler le contenu des cadres de hausse. La visite est d’autant plus importante si vous travaillez en Langstroth et sans grille à reine. Les abeilles ne redescendront en aucun cas vers le corps si du couvain est présent dans la hausse. Il faudra aussi veiller à ce que la reine ne soit pas montée dans la hausse.

Astuce : En décollant la hausse du corps, pour placer le chasse-abeille, il se peut que l’étanchéité ne soit pas parfaite. Pour éviter le pillage positionner un adhésif tout autour du chasse-abeille.

Le lendemain jour de récolte, vous n’aurez plus qu’à charger vos hausses pour les transporter à la miellerie. Si les rayons sont bien operculés, il n’y a pas ou très peu d’abeilles dans la hausse. Quelques coups de balayette suffiront pour chasser les dernières butineuses. Cette technique limite l’utilisation de l’enfumoir. Si vous voulez prendre des cadres de provisions dans les corps, vous ferez cette manipulation un autre jour.

8.jpg
Chasse abeille

2. L’enfumoir et la brosse à abeille

Après avoir légèrement enfumé le trou d'envol, vous pourrez après avoir désolidarisé la hausse du corps, emporter la hausse un peu plus loin. Chasser les abeilles présentes sur les cadres à l’aide de la brosse à abeille et de l’enfumoir. Cette méthode tout comme celle du chasse-abeille impose une visite des cadres de hausse un jour avant. Attention en cas d’utilisation abusive, l’excès de fumée peut se fixer sur le miel.

3. Le produit répulsif

Cette méthode consiste à disposer sur la hausse durant 5 minutes une toile imbibée d'un mélange d’eau et de répulsif. Attention au dosage. Ne pas tomber dans l’excès cela pourrait pousser toute la colonie à sortir à l’extérieur de la ruche. Interdit en apiculture BIO.

La toile est placée sur les cadres de hausse et sous le couvre-cadres, l’odeur du répulsif pousse les butineuses à redescendre dans le corps de ruche. Si vous avez, au préalable, bien vérifié qu’il n’y ait pas de couvain ou de reine dans la hausse, il ne vous restera plus qu’à transporter la hausse à l’abri des pillardes. Cette méthode est efficace sur les ruches qui vous semblent plus agressives.

4. Le souffleur ou l’aspirateur à abeille

Ces deux méthodes sont surtout employées par les apiculteurs professionnels qui récoltent de grande quantité de hausses. Au lieu de brosser les cadres un par un, ils utilisent des souffleurs ou des aspirateurs pour se débarrasser des butineuses présentes sur les cadres. Ce sont deux méthodes assez brutales, qui n’épargnent pas les abeilles. Aspirées ou soufflées, elles pourraient être blessées ou tuées. Or il est primordial de conserver un maximum d’abeilles au sein de la colonie après la miellée d’été afin de relancer la ponte de la reine. Comme il est tout aussi important de conserver une reine en bonne santé. Quel serait l’avenir d’une colonie si la reine venait à être blessée par un aspirateur ou expulsée par un souffleur ?

9.jpg
Souffleur électrique

Conseil pour récolter:

  • Récolter par une belle journée
  • De préférence aux heures ou les butineuses sont à l’extérieur entre 11h et 15h soit 50% de la totalité des abeilles de la ruche.
  • Enfumer très peu pour éviter l'odeur dans le miel
  • Eviter au maximum de laisser trainer des gouttes de miel sur le rucher (cela augmenterait le risque de pillage surtout si les miellées sont terminées)
  • Ne pas poser les hausses au sol, protéger les cadres pour éviter poussières et pillage
  • Réduire les entrées pour éviter le pillage des ruches les plus faibles

Sur le rucher

Après la récolte, il est recommandé de traiter les ruches contre le varroa et de nourrir la colonie.

Traiter contre le varroa

Après avoir récolté, il faut traiter contre le varroa avec des produits à base de thymol. Vous pouvez trouver ces traitements auprès des GDSA, vétérinaires ou commerces de votre région. La diffusion du thymol se fait entre 20° et 30°, Juillet est donc le mois le plus propice. Toutefois si les températures venaient à dépasser les 30°, il est préférable de suspendre le traitement, car celui-ci pourraient faire fuir les abeilles à l’extérieur de la ruche.

Nourrir la colonie

C’est après la récolte de juillet que se prépare l’hivernage. Avec la récolte, vous avez privé la colonie d’une partie de ses réserves, il est donc primordial de nourrir vos colonies. Ce nourrissement se fera avec du sirop.

Heure d’hiver du Candi, Heure d’été du Sirop

Ce nourrissement va permettre à la reine de relancer la ponte. Peu à peu la colonie se développera, les floraisons présentes aux alentours assureront un apport en pollen. En cas de pénurie de pollen, et pour relancer dans de meilleures conditions la ponte, vous pouvez aider vos colonies en préparant une pâte protéinée à base de pollen BIO que vous disposerez sur la tête des cadres au niveau du couvain.

Ou distribuer sur la tête des cadres quelques pelotes de votre récolte de pollen du printemps précédent.